Page:Bulteau - Un voyage.pdf/510

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
495
l’ombrie

priant. Cette tendre oraison, le vent du soir l’emporte jusqu’aux maisonnettes d’en bas. Là, saint François prie, lui aussi, pour que la misère humaine soit moins lourde, et pour son amie si chère, peut-être…

Une intimité limpide et charmante régnait entre les fils de François et les filles de Claire. On mangeait en commun parfois ; et c’étaient des fêtes délicieuses. Pour cadeaux, on s’envoyait des malades. Claire filait activement, de façon que François eût en abondance de belles nappes blanches à mettre sur les autels. Et puis on parlait du ciel où, peut-être, on se retrouverait.

Certes, saint François fut heureux profondément. Et puis, le rêve était trop beau. On l’en réveilla.

Il partit pour l’Égypte, laissant la direction de l’ordre, prodigieusement accru, à deux vicaires, Mathieu de Narni et Grégoire de Naples. Dès qu’il ne fut plus là, ces gens commencèrent de tout bouleverser. Ils trouvaient un appui, un consentement tout au moins, chez un très bon ami de saint François, le cardinal Hugolin qui ensuite fut le pape Grégoire IX. Hugolin admirait fort saint François, et l’aimait. Seulement, Hugolin était un bon politique, un homme de gouvernement. La force énorme de ces prêcheurs qui allaient gagnant les âmes par milliers, il voulait la mettre au service de l’église. À son gré, les franciscains étaient trop pauvres, trop humbles : trop libres ! Et Hugolin vit faire avec plaisir, ceux qui détruisaient l’œuvre de saint François. On multiplia les observances, les pra-