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un voyage

qui est le type même de l’ancienne demeure hollandaise…

On éprouve soudain une méfiance. Les fermiers certainement n’ont jamais fait un fromage, les vaches, occupées par la représentation, certainement n’ont pas de lait. Et les vieillards, eh bien, on ne doute pas une minute que, le dernier bateau parti avec ses cosmopolites avides de couleur locale, ils n’aillent dormir et manger hors de leur intérieur type, le laissant en bon ordre, de façon que les visiteurs du lendemain puissent s’émerveiller de voir comme, en Hollande, rien ne bouge.

À chaque débarquement l’impression gagne de la force. Le bateau touche au bord, aussitôt des jeunes filles paraissent, s’arrangent en groupes, « font tableau ». Elles ont la mine faussement détachée et sournoise que prennent leurs congénères les moins naïves lorsque, se sachant regardées, il leur convient de faire croire qu’elles ne s’en doutent même pas. Des toutes petites, hautes comme un parapluie, et si comiques dans leurs longues jupes plissées à la taille et qui leur font des hanches, se tiennent par la main et défilent avec préméditation sous les regards de l’étranger.

À Volendam, j’ai vu devant sa porte une jeune femme qui tricotait, et du pied berçait son enfant. L’incuriosité qu’elle témoignait à l’endroit de notre troupe était si frappante que, l’ayant dépassée de quelques mètres, je me retournai. Elle ne berçait plus le mioche, ne tricotait plus, mais, debout, nous