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HARLEM


Je suis venue d’Amsterdam avec le tramway électrique, et déjà le chemin m’apaise.

Il est si charmant, ce chemin tout bordé de bonheurs faciles ! Sous de confortables vérandas large ouvertes, on voit selon les heures, des gens qui déjeunent, ou se reposent d’avoir déjeuné ; prennent le thé ou se délassent de l’avoir pris. Des argenteries scintillent ; un chien patient, le nez en l’air, attend son gâteau, un chat lape du lait dans une soucoupe de porcelaine bleue, il y a des fleurs sur la table. Les tranquilles personnes tournent lentement la tête. On devine que, l’une après l’autre, elles disent : « Voilà le tramway. » Elles prennent une pâtisserie, versent du vin dans un verre qui brille, ou du thé dans une tasse, contentes d’être là, tandis que les autres passent. Et au fond de l’appartement un grand miroir reflète leur paix.

Dans le canal qui accompagne la route, une traînée de couleurs s’enflamme. Ce sont des capucines venues tout au bord. Leurs tons de braise et de soufre se doublent dans l’eau. C’est comme un cri de joie. Puis le calme retombe et maintenant l’eau