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cologne

sûr qu’à la fin c’est lui qui aura raison, — puisqu’il a raison ! Et encore, je crois qu’une certaine sauvagerie de ton, une certaine laideur de forme le tente. Même, que sait−on, sa puissante faculté de rêverie se satisfait peut-être lorsqu’il ne reconnaît pas bien ce que représente le chef−d’œuvre. Enfin, si l’Allemagne méprise notre morale, notre hygiène, notre caractère, désapprouve notre politique, nous traite sévèrement en son cœur, elle estime nos cubistes, et alors je ne vois pas de quoi nous nous plaindrions !

Je n’aime pas la cathédrale de Cologne. Elle est trop sèche, sculptée trop exactement par des ouvriers qui, sainte Ursule leur apparaissant pour les encourager, ne l’auraient pas reconnue. Elle est trop neuve, enfin, cette cathédrale !

Pourtant, j’avais l’intention d’y flâner une heure. Mais point ! « On ne passe pas à droite ! Allez à gauche », dit sévèrement un bedeau vêtu comme pour figurer dans Lucrèce Borgia, et que mon ignorance des usages froisse visiblement jusqu’au cœur. Je vais à gauche. « Asseyez-vous, ou sortez », murmure rageusement un second bedeau. Je m’assieds. Il y a un troisième bedeau, tout proche. Il ne dit rien encore ; mais il déborde de soupçons, de malveillance et se tient prêt à me traiter comme je le mérite à la première transgression. Je transgresse, car je m’assomme et je veux sortir de cette