Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/101

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désir de l’accompagner, car son langage était très-séduisant ; mais, tout en lui parlant, j’aperçus ces paroles écrites sur son front : « Dépouillez le vieil homme avec ses œuvres. »

Chrétien. Eh bien ?

Fidèle. Je demeurai convaincu que quelque flatteuses que fussent ses paroles et ses promesses, quand une fois il m’aurait emmené chez lui, il me vendrait comme esclave. Je lui dis donc que tous ses discours étaient inutiles, parce que j’étais décidé à ne pas franchir le seuil de sa porte. Alors il me dit des injures, et me menaça de me faire suivre par quelqu’un qui ne cesserait de me tourmenter pendant tout mon voyage. Je voulus poursuivre ma route ; mais au moment où je lui tournais le dos pour m’éloigner, il mit la main sur moi, et me pinça si violemment, que je crus qu’il avait emporté un morceau de ma peau. « Misérable que je suis »[1], m’écriai-je, et je continuai à gravir la colline. Quand j’eus fait à peu près la moitié du chemin, je regardai en arrière, et vis quelqu’un qui me poursuivait avec la vitesse du vent ; il m’atteignit précisément à l’endroit où se trouve le berceau.

Chrétien. C’est à ce même endroit que je m’assis pour me reposer, et qu’accablé par le sommeil je perdis mon rouleau de papier.

Fidèle. Mon cher frère, écoutez-moi jusqu’au

  1. Rom. VII, 24.