Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/113

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toutes les conversations, quelles qu’elles soient. Il parle au cabaret comme il vient de vous parler ; plus il est pris de vin, plus il est éloquent sur ces matières. La crainte de Dieu n’est pas dans son cœur ; on n’en voit aucune trace, ni dans sa maison, ni dans sa conduite ; toute sa religion est sur ses lèvres ; en un mot, c’est un beau parleur, et rien de plus.

Fidèle. En vérité. Alors je me suis bien trompé sur le compte de cet homme.

Chrétien. Assurément. Souvenez-vous du proverbe : « Ils disent et ne font pas ; mais le royaume de Dieu ne consiste point en paroles, mais en efficace »[1]. Il parle beaucoup de la prière, de la repentance, de la foi et de la nouvelle naissance ; mais il se borne à en parler. J’ai passé quelque temps dans sa famille, et j’ai été à même de l’observer chez lui, et dans le monde, et je sais que ce que je vous dis de lui est vrai. Il n’y a pas plus de piété dans sa demeure que de saveur dans le blanc d’un œuf. On n’y entend jamais le son de la prière, on n’y voit aucune trace de repentance. « Le nom de Dieu est blasphémé à cause de lui par une foule de personnes »[2] ; et grâce à lui, la religion est en déshonneur dans tout son voisinage. Les gens du peuple disent : C’est un saint dans le monde, et un démon dans sa famille ; sa femme et ses enfants savent trop bien ce qui en

  1. Mat. XXIII, 3. 1 Cor, IV, 20.
  2. Rom. II, 24.