Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/116

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que les hommes seront jugés au grand jour des rétributions[1]. Il ne leur sera pas dit alors : Avez-vous cru ? Mais votre religion a-t-elle consisté en actions ou en paroles seulement ? et ils seront jugés en conséquence. La fin du monde est comparée au temps de la moisson ; et vous savez que lors de la moisson, ce n’est qu’aux fruits que l’on regarde. Non pas sans doute qu’aucune œuvre qui n’est pas faite par un principe de foi puisse avoir du prix ; ce que j’en dis est seulement pour vous montrer combien sera vaine au jour du jugement une piété semblable à celle de Beau-Parleur.

Fidèle. Ceci me rappelle la description que fait Moïse de la bête qui est nette[2]. C’est celle qui rumine et qui a l’ongle divisé ; non pas celle qui rumine seulement, ou qui a seulement l’ongle divisé. Le lièvre rumine bien, et cependant il est souillé, parce qu’il n’a pas l’ongle divisé. Il en est de même de Beau-Parleur. Il rumine, il est avide de connaissances ; il dévore la parole ; mais il n’a pas l’ongle divisé, il ne se détourne pas de la voie des pécheurs ; comme le lièvre, il est souillé ; car il a les pieds semblables à ceux des chiens et des ours.

Chrétien. Oui, et convenez vous-même que saint Paul dit, précisément à propos de ces grands parleurs, qu’ils sont comme « l’airain qui résonne ou la cymbale qui retentit »[3], ou, ainsi qu’il le dit ailleurs,

  1. Mat. XIII, 23.
  2. Lév. XI. Deut. XIV.
  3. 1 Cor. XIII, 1-3.