Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/166

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venaient, et ce qu’ils faisaient sur ses terres. Ils lui dirent qu’ils étaient des pèlerins égarés.

Vous m’avez offensé, en passant sur mon territoire, dit le Géant ; suivez-moi maintenant. Ils obéirent, voyant qu’il était plus fort qu’eux, et sentant qu’ils n’avaient pas grand chose à dire pour leur défense. Le Géant les fit marcher devant lui, et les enferma dans un cachot sombre et dégoûtant[1]. Ils y restèrent du mercredi matin au samedi soir, sans avoir rien à manger ni à boire, sans voir goutte, et sans que qui que ce fut s’informât d’eux ; ils souffrirent beaucoup dans cette cruelle situation, n’ayant personne pour les défendre ou pour les secourir ; et Chrétien en gémit doublement, en pensant que c’était son imprudence qui leur avait attiré ce malheur.

Le Géant Désespoir avait une femme qui s’appelait Défiance ; se trouvant seul avec elle, il lui conta qu’il s’était emparé de ces deux hommes, et qu’il les avait enfermés dans un cachot pour avoir passé sur ses terres. Il lui demanda ensuite ce qu’elle lui conseillait de faire de ses prisonniers. Quand il lui eut dit qui ils étaient, d’où ils venaient et où ils allaient, elle l’exhorta à les battre, le lendemain matin, sans miséricorde. En conséquence, quand le jour fut venu, il prit un gourdin, descendit dans le cachot où ils étaient, et se mit à les bâtonner comme des chiens, jusqu’à ce qu’ils fussent hors

  1. Ps. LXXXVIII, 16.