Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/180

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pour entrer ? Cela ne vous sera peut-être pas facile.

Ignorant. Je ferai comme font tous les honnêtes gens.

Chrétien. Mais que montrerez-vous pour vous faire ouvrir la porte ?

Ignorant. Je connais la volonté du Seigneur, et j’ai mené une bonne vie ; je ne fais tort à personne ; je prie, je jeûne, je paie les dîmes, je fais des aumônes, et j’ai abandonné mon pays pour celui où je vais.

Chrétien. Cependant vous n’avez pas passé par la porte étroite qui est à l’entrée de cette route ; vous êtes arrivé ici par ce sentier tortueux : aussi, malgré la bonne opinion que vous avez de vous-même, je crains qu’au jour, du jugement, au lieu d’être admis dans la Cité céleste, vous ne soyez puni comme un larron et un voleur.

Ignorant. Messieurs, vous m’êtes entièrement étrangers ; je n’ai rien à faire avec vous ; suivez la religion de votre pays, et laissez-moi suivre celle du mien ; tout ira bien, je l’espère ; et quant à la porte étroite dont vous parlez, chacun sait qu’elle est à une grande distance de ma patrie, Je crois que la plupart de mes compatriotes ne connaissent pas même le chemin qui y conduit, et peu importe au fond, puisqu’ils ont, comme vous le voyez, un joli sentier fleuri, qui mène tout droit de notre pays, ici.

Lorsque Chrétien vit que cet homme était sage à