Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/218

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Grand-Espoir. Demandez-lui si Christ lui a jamais été révélé.

Ignorant. Quoi ! vous êtes aussi un homme à révélations ? Je crois que tout ce que vous et les vôtres vous dites là-dessus ne provient que de cerveaux malades, d’imaginations exaltées.

Grand-Espoir. Christ est tellement caché en Dieu, à la raison humaine livrée à elle-même, que nul homme ne peut le connaître à salut si Dieu le Père ne le lui révèle.

Ignorant. C’est là votre foi, mais ce n’est pas la mienne : et la mienne, je n’en doute pas, est tout aussi bonne que la vôtre, bien que je n’aie pas dans la tête autant de subtilités que vous.

Chrétien. Permettez-moi de vous faire encore une observation au sujet de ce que vous venez de dire : vous ne devriez pas traiter si légèrement cette question ; car j’affirme aussi de la manière la plus positive (ainsi que l’a fait mon compagnon de voyage) que nul ne peut connaître Jésus-Christ si le Père ne le lui fait connaître, et que la foi par laquelle l’ame embrasse Christ doit (pour être véritable) être produite par l’infinie puissance de Dieu. Mais je vois bien que vous ignorez absolument l’efficace de cette foi. Réveillez-vous donc ; sentez votre misère ; recourez promptement, et de tout votre cœur à Jésus-Christ ; et par sa justice, qui est la justice de Dieu (puisque Jésus est Dieu), vous serez délivrés de la condamnation[1].

  1. Mat. XI, 28 ; Rom X, 3, 4.