Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/28

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ler plus loin, craignant que la montagne ne lui tombât dessus[1]. Il s arrêta donc tout court, et son fardeau lui parut plus pesant encore qu’il ne l’était auparavant. Il craignait aussi d’être dévoré par les flammes de feu qui sortaient de la montagne[2]. Épouvanté et tout tremblant, il commença à se repentir amèrement d’avoir suivi le conseil de Sage-Mondain. Dans cette perplexité, il vit venir à lui Évangéliste, dont l’aspect le fit rougir de honte. Évangéliste s’étant approché de plus près, le regarda avec un air d’indignation, et lui dit d’un ton sévère : Que faites-vous ici, Chrétien ? A quoi Chrétien, ne sachant que répondre, garda le silence. Évangéliste ajouta : N’est-ce pas vous que j’ai rencontré il y a quelque temps pleurant et vous lamentant, hors de l’enceinte de la ville de Perdition ?

Chrétien. Oui, monsieur, c’est moi-même.

Évangèliste. Ne vous ai-je pas indiqué le chemin qui conduit à la porte étroite ?

Chrétien. Oui, monsieur.

Évangéliste. Comment donc vous en êtes-vous si promptement écarté ? car vous êtes maintenant hors de votre route.

Chrétien. En sortant du Bourbier du Découragement, je rencontrai un monsieur qui m’assura que dans le bourg qui est devant nous, je trouverais un homme qui me délivrerait de mon fardeau.

  1. Exod. XIX, 18.
  2. Heb. XII, 21.