Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/37

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le bonheur de m’entretenir avec vous. Quelle insigne faveur pour moi, d’avoir été admis ici !

Bienveillant. Nous ne mettons aucune différence entre les hommes ; quelque méchants qu’ils aient été, quelques crimes qu’ils aient commis, ils ne sont jamais rejetés quand ils se présentent ici[1] ; venez donc avec moi, mon cher Chrétien, et je vous montrerai le chemin que vous devez suivre. Vous voyez devant vous cet étroit sentier ; il a été frayé par les patriarches, par les prophètes, par Jésus-Christ et par ses apôtres ; et il est aussi droit que s’il eût été tiré au cordeau : voilà votre route.

Chrétien. Mais n’y a-t-il pas des chemins de traverse dans lesquels il est possible de s’égarer ?

Bienveillant. Oui vraiment, il y en a un grand nombre, mais ils sont larges et tortus ; c’est à cela même que vous pouvez distinguer le bon chemin des mauvais ; car le premier seul est étroit et en ligne directe. — Chrétien demanda ensuite au portier s’il ne pouvait pas le délivrer du fardeau dont tous ses efforts n’avaient encore pu le débarrasser.

Quant à votre fardeau, répondit Bienveillant, portez-le avec courage, jusqu’à ce que vous soyez arrivé au lieu de la délivrance ; car alors il tombera de lui-même.

Chrétien se ceignit les reins et se disposa à continuer son voyage. Il prit congé de Bienveillant qui

  1. Jean VI, 37.