Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/65

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crédulité de ceux qui ne croient pas : ayez seulement soin de marcher au milieu du chemin, et il ne vous arrivera aucun mal.

Alors je vis Chrétien s’avancer, quoique en tremblant de frayeur ; en passant, il entendit rugir les lions, mais comme il suivit exactement les directions qu’il venait de recevoir, ils ne lui firent aucun mal. Quand il eut traversé ce dangereux passage, il sauta de joie et continua sa route, jusqu’à ce qu’il fut arrivé devant la loge du portier, auquel il dit : Quelle est cette maison ? pourrais-je y passer la nuit ? — Cette maison, répondit le portier, a été bâtie par le Seigneur de la colline pour servir de retraite et d’abri aux pèlerins. Mais d’où venez-vous et où allez-vous ?

Chrétien. Je viens de la ville de Perdition et je vais à la montagne de Sion ; mais comme le soleil est couché, je voudrais, si possible, passer la nuit ici.

Le portier. Comment vous appelez-vous ?

Chrétien. Je me nomme maintenant Chrétien ; autrefois je m’appelais Sans-Grâce. Je suis de la race de Japhet, que l’Eternel veut faire habiter dans les tabernacles de Sem[1].

Le portier. Mais comment se fait-il que vous arriviez si tard ? le soleil est déjà couché.

Chrétien. Je serais arrivé bien plus tôt si je n’avais

  1. Gen. IX, 27.