Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/67

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ici, que j’ai entendu dire que ce palais a été bâti pour l’agrément et la sûreté des pèlerins. À ces mots Discrétion, sourit ; les larmes lui vinrent aux yeux, et, après un moment de silence, elle dit : Je vais appeler deux ou trois de mes compagnes. Elle courut vers la porte, et appela Prudence, Piété et Charité, qui, après s’être entretenues quelques instants avec le pèlerin, le firent entrer. Sur le seuil de la porte il rencontra plusieurs autres personnes qui lui dirent : « Entrez, béni de l’Éternel : cette maison a été destinée par le Seigneur du lieu à servir de refuge à des voyageurs tels que vous. » Chrétien s’inclina et les suivit ; quand il fut entré et qu’il se fut assis, elles lui offrirent des rafraîchissements ; et, pour mettre le temps à profit, en attendant le souper, Prudence, Charité et Piété eurent avec lui la conversation suivante :

Piété. Venez, fidèle Chrétien ; puisque nous vous avons reçu chez nous, parlons, pour notre édification mutuelle, des choses qui vous sont arrivées dans votre voyage.

Chrétien. Je ne demande pas mieux.

Piété. Qu’est-ce qui vous a engagé à entreprendre ce long voyage ?

Chrétien. La perspective de l’inévitable destruction qui m’attendait, si j’étais resté dans mon pays natal, m’a déterminé à m’en éloigner.

Piété. Mais d’où vient que vous avez dirigé vos pas de ce côté ?

Chrétien. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi ; car,