Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/79

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Chrétien, Le connaissez-vous ?

Le portier. Je lui ai demandé son nom : il m’a dit qu’il s’appelait Fidèle.

Chrétien. Oh ! je le connais ; c’est un de mes compatriotes, un voisin : il vient de l’endroit où je suis né. Croyez-vous qu’il soit déjà bien loin ?

Le portier. A l’heure qu’il est, il doit être parvenu au pied de la colline.

Chrétien. Adieu, bon portier, le Seigneur soit avec vous et vous comble de ses bénédictions pour tout le bien que vous m’avez fait.

Chrétien se remit en route ; mais Discrétion, Piété, Charité et Prudence voulurent absolument l’accompagner jusqu’au bas de la colline, et lui répétèrent encore toutes les exhortations qu’elles lui avaient déjà adressées. Autant que j’en puis juger, dit Chrétien, cette colline est aussi dangereuse à descendre qu’elle est difficile à monter. — Oui, dit Prudence, ce n’est pas chose facile de descendre dans la vallée de l’Humiliation, sans faire aucune chute : c’est pourquoi nous avons voulu vous accompagner. Il continua donc à descendre, mais avec beaucoup de précautions, ce qui ne l’empêcha pas de glisser plus d’une fois. Quand il fut parvenu au pied de la colline, ses charitables compagnes lui donnèrent un pain, une bouteille de vin et quelques raisins secs, et le laissèrent poursuivre sa route seul.

Mais à peine avait-il fait quelques pas dans la vallée de l’Humiliation, qu’il se trouva dans une grande détresse, en apercevant un ennemi furieux qui ve-