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ÉDIFICES À DÔME CENTRAL BAPTISTÈRES.

Pour les baptistères, dont il faut parler ici avant tout, la forme qui de bonne heure l’emporta, ce fut l’octogone simple ou muni d’un pourtour, fermé par un plafond ou par une voûte, et au milieu duquel se trouvaient les fonts baptismaux. Toute autre forme polygonale, de même que la forme ronde, est plus rare. Pour les baptistères des dix premiers siècles, les murs extérieurs ne présentent actuellement que des parois lisses ; toute la richesse, tout l’éclat, étaient réservés pour l’intérieur, qui, construit en vue d’un éclairage artificiel, et la plupart du temps assez obscur, n’a de jour que par une lanterne et par la porte ouverte.

Le baptistère près de Saint-Jean-de-Latran [a] à Rome (433-440) n’a plus rien de primitif que les murs et la double colonnade avec entablements droits, ainsi que le portique soutenu par deux grandes colonnes de porphyre, et qui (vers la cour) se termine par deux niches demi-rondes. Une ornementation sévère serait d’un tout autre effet que les peintures de Sacchi et de Maratti. Un petit espace latéral, pavé en mosaique, et la superbe ornementation qui figure des pampres vert et or sur fond bleu, dans la coupole de la niche gauche du portique, indiquent encore quel devait être l’éclat des couleurs dans l’ornementation générale de l’édifice.

L’église S. Maria Maggiore, à quelques minutes hors de Nocera [b], près de la grande route de Pompéi, est probablement un baptistère du IVe siècle, construit sans grande précision à l’aide des fragments antiques. Des colonnes disposées en rond, deux à deux, supportent directement (sans tambour) la coupole du milieu. Le pourtour est voûté, une petite tribune y est jointe. Cet édifice, absolument informe vu du dehors, donne au plus haut degré cette impression mystérieuse par laquelle l’église d’alors devait rivaliser avec l’éclat mourant des temples et des sanctuaires du paganisme.

Le Baptistère des Orthodoxes [c], près de la cathédrale de Ravenne (commence avant 396), possède encore son revêtement mural et ses mosaïques (celles-ci d’avant 430), qui sont le monument le plus important de l’ornementation du Ve siècle et le dernier reflet reconnaissable de la décoration pompéienne. Les surfaces planes alternent avec des sujets en stuc exécutés en relief (figures tout à fait grossières, probablement d’une époque postérieure) ; le sentiment de l’harmonie des couleurs y paraît survivre à la belle et libre facture des formes ornementales. Deux rangées de huit arcs avec colonnes angulaires (composites et ioniques), l’une en bas, l’autre en haut, servent de cadre, tandis que la partie supérieure de l’édifice forme une coupole ronde et assez plate. Le baptistère des Ariens (aujourd’hui S. Maria in Cosmedin [d]) du VIe siècle ; l’octogone, avec une nef ajoutée postérieurement, n’est qu’une exacte reproduction du précédent. Il est difficile de décider si l’édifice assez grand que l’on nomme à Brescia [e] la « vieille cathédrale » a été construit comme simple bap-