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SIENNE. ORVIETO.

comme Francesco di Giorgio et Bernardo Rosselino doivent manifestement beaucoup à cet ouvrage.

En même temps que cet édifice fut construite aussi la façade[1] de l’église inférieure de San Giovanni [A]. De toute la cathédrale, c’est la partie qui rappelle le plus le gothique du Nord, surtout par le dessin des contreforts ; elle est malheureusement restée inachevée. Toute la façade est inclinée en arrière d’un grand pied, ce qui fait que les contreforts (sans compter leurs faibles retraites), diminuent très peu vers le haut. Les portails sont d’une grande beauté et d’une exécution plus calme que ceux de la grande façade. Le portail latéral unique de la nouvelle construction surpasse, il est vrai, tous les autres.

La tour, qui est manifestement une des parties les plus anciennes, n’a aucune prétention artistique. L’accroissement du nombre des fenêtres, à chaque étage, de 1 à 6, exprime naïvement le progrès continu de l’édifice en légèreté.

La cathédrale [B] d’Orvieto, qui est à l’intérieur une imposante basilique à colonnes avec une charpente ornementée et apparente, des fenêtres d’un dessin élégant, un transept et une terminaison de chœur droite, doit être citée ici, pour sa façade, à côté de la cathédrale de Sienne. La construction en fut commencée à partir de 1290, la façade à partir de 1310, sous maître Lorenzi Maitani de Sienne, architecte en chef jusqu’a sa mort en 1330 ; le toit fut élevé en 1321. La façade est une reproduction en partie ennoblie de la façade de Sienne. Le détail plastique gothique, qu’a vrai dire on ne prenait jamais très au sérieux, est limité ici le plus possible, et remplacé par une ornementation en mosaïque, dont malheureusement le style moderne détonne, et par des sculptures en relief ; c’est dire que les surfaces gardent ici le privilège du style méridional sur l’organisme fictif importé du dehors. Quelques lignes principales, grandes et calmes, suffisent ici pour encadrer avec art une immense richesse de couleurs et de formes. Toutes les parties purement architecturales, les corniches des trois frontons, les pinacles, etc, sont également remplies de dessins en mosaïques, de sorte que cette façade, est le plus grand et le plus riche des monuments polychromes (y compris les marches et les bornes devant l’église). Avec une recherche si marquée de l’éclat matériel, la beauté de la composition est un double miracle. Les façades latérales et les colonnes de l’intérieur ont des assises de marbre alternativement blanc et noir. Les profils des arcs et de la corniche principale à l’intérieur sont d’un modèle élégant. Dans « l’Opéra », vis-à-vis de la cathédrale, se trouvent les anciens plans très intéressants de la façade.

  1. À partir de 1317. Camaino di Crescenzio était alors architecte en chef ; l’assertion de Vasari, attribuant à Agostino et Agnolo de Sienna, qui n’ont jamais construit de cathédrale, le plan de cette façade, peut être exacte ; le file d’Agostino, Giovanni, est accepté en 1340 comme maître de l’œuvre, sans qu’il soit question d’un travail spécial.