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LES PISANO. ARNOLFO DI CAMBIO.

Les documents nous disent seulement que Niccolò travailla en effet comme architecte à Pise. La plus ancienne église gothique qu’il soit avec quelque vraisemblance permis d’attribuer à Niccolò, S. Trinità [a] à Florence, a déjà des piliers carrés ; mais, pour répondre aux chapelles des deux nefs latérales, les intervalles sont étroits, de manière à ce qu’à chaque chapelle corresponde un de ces intervalles. La date de sa construction doit remonter environ à la moitié du XIIIe siècle.

Nous avons des renseignements plus certains sur Giovanni Pisano, fils de Niccolò. Nous avons déjà vu que Giovanni était architecte de la cathédrale de Sienne, et qu’il en construisit la façade. Au dernier temps de sa carrière appartient l’achèvement de la cathédrale [b] de Prato, qu’il élargit au-dessus du chœur de style roman. Son chef-d’œuvre est le célèbre Camposanto [c] à Pise (1278-1283). Les formes les plus nobles et les plus élégantes, telles que les meneaux des hautes fenêtres, à plein cintre, n’apparaîtront ici que secondaires auprès de la conception monumentale qui assigne à la Pise de cette époque une place d’honneur dans l’histoire de notre culture moderne. La petite église S. Maria della Spina [d] sur l’Arno à Pise, trop richement ornée de clochetons et de statues, est attribuée à Giovanni, mais à tort, car elle ne doit sa forme actuelle qu’a une reconstruction de l’an 1323, et Giovanni était déjà mort en 1320. De riches clochetons gothiques ont été extérieurement ajoutés au gracieux monument. On attribue encore à Giovanni, mais sans preuves, l’église de S. Domenico [e] à Prato, l’église de S. Domenico [f] à Pérouse (modernisée jusqu’au chœur), et S. Margherita [g] à Arezzo ; de cette dernière il ne reste également qu’une seule fenêtre de l’édifice primitif.

C’est à un des condisciples de Giovanni dans l’atelier de Niccolò, c’est au Florentin Arnolfo di Cambio (faussement appelé Arn. di Lapo, 1232-1300), qu’il était réservé, grâce à cette transformation du pilier, d’ouvrir au style gothique en Toscane une ère nouvelle.

On lui attribue à Florence S. Maria Maggiore [h]. L’église est à voutes sur piliers carrés ; svelte, le haut de la nef centrale sans fenêtres ; au lieu de chapiteaux, les piliers et les montants qui les continuent n’ont que de simples corniches. À la même école appartient S. Remigio [i], avec une nef centrale à peine surhaussée, reposant sur des piliers octogones, avec chapiteaux à rangées de feuilles.

Arnolfo bâtit ensuite (à partir de 1294) la plus considérable de toutes les églises d’ordres mendiants : Santa Croce [j]. Il s’agissait de construire, avec les ressources les plus limitées, comme il convient à des moines mendiants, une maison de Dieu pour tout un peuple affluait à cette époque vers les chaires et les confessionnaux des Franciscains. Arnolfo est ici, comme partout, froid et sérére dans le détail ; mais l’ordonnance est grandiose. La grandeur immense de l’édifice rendait désirable, sinon