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CATHÉDRALE DE FLORENCE.

rut dès 1300[1]. C’est lui vraisemblablement qui resta les deux premières travées de la façade. Dans l’édifice actuel il ne s’est conservé de lui tout au plus que le commencement du mur intérieur de la façade, puis les quatre travées des nefs latérales, avec les petites fenêtres aux contreforts peu saillants, lesquelles n’ont survécu qu’à cause de leur beau revêtement de marbre, dû sans doute à Giotto (1334-1336). S’il était établi que la coupole d’Arnolfo avait 62 brasses (36 mètres 30) de diamètre, sans compter les chapelles adossées, il lui resterait la gloire d’avoir le premier conçu une église à coupole de grandes dimensions ; mais comme la vue de la cathédrale dans la chapelle des Espagnols ne représente pas son église, ce que nous pouvons seulement dire avec certitude, c’est que les travées de la nef principale correspondaient à deux des anciennes travées des nefs latérales. Mais bientôt de telles dimensions ne suffirent même plus aux Florentins. En 1357, la construction fut recommencée. On ne laissa subsister que les vieilles fenêtres, si belles. Leurs axes ne correspondaient plus aux nouvelles arcades si hardies de l’intérieur, dont les deux premières, par suite, n’ont que de fausses fenêtres. La façon dont, de 1357 à 1366, furent fixées les différentes parties de l’église actuelle, est incroyable dans nos idées, et elle explique mainte imperfection de l’œuvre : le modèle des chapelles postérieures, achevé en 1355 par Francesco Talenti, devait, il est vrai, améliorer l’ancien plan. Talenti et Giovanni di Lapo Ghini étaient alors les architectes en chef chargés de l’exécution (capomaestri). Que la construction ait été commencée, sans une idée, même lointaine, de ce que devait être l’ensemble du plan, il semble difficile de l’admettre. Et pourtant il est certain que pour chaque partie de l’édifice, et chaque fois, un concours fut ouvert. Tous les citoyens de Florence y pouvaient prendre part, ainsi qu’au jugement. On commença par arrêter la forme d’un pilier de la nef, et Talenti l’emporta sur Andrea Orcagna. En 1362, les deux arcades à droite furent voûtées ; et l’on ignorait encore ce qu’on mettrait au-dessus ! Deux années plus tard seulement, la commission où siégeait Orcagna décida, contre la commission qui appuyait Talenti, la forme de la galerie à consoles, et son emplacement malheureux au — dessus et non au — dessous de l’imposte de la voûte. Elle se prononça de même pour les fenêtres rondes au lieu des fenêtres élancées. Comme les anciens contreforts assez petits ne correspondaient pas aux nouvelles voûtes, en 1366 il se forma dans la voûte de petites crevasses ; c’est alors seulement que furent placés les tirants de fer et que furent agrandis les contreferts nouveaux. Ainsi fut terminée la coupe longitudinale. Quant au reste de l’église, le plan fut adopté en 1356. Préparé par une commission de treize architectes et de onze peintres, il fut exécuté par huit autres architectes ! En 1367 enfin, tout fut arrêté, et tous les anciens modèles

  1. Et non pas en 1310, comme on croyait l’avoir récemment découvert. C’est surtout l’architecte milanais Boito qui a jeté un jour nouveau sur l’histoire de S. Maria del Fiore.