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AREZZO. LUCQUES. ROME. ASSISE.

voûte de la nef principale se sont conservés les médaillons peints à la même époque (demi-figures sur fond bleu) ; sur les voûtes des nefs latérales il y a encore des peintures du temps de la Renaissance. À l’extérieur, des souvenirs de Sienne et de Florence s’allient pour créer une harmonie entre ces styles et les parties plus anciennes. Il en résulte un ensemble d’une rare et merveilleuse beauté. (Fin du XIVe siècle, à peu près.)


Dans le Sud, au delà de la Toscane, surtout à Pérouse et à Viterbe, on rencontre un certain nombre de petites églises gothiques où il ne s’est conservé de l’ancienne construction que la façade ou une simple tour. La situation souvent très pittoresque, quelques détails bien exécutés et la sévérité des matériaux en constituent toute la valeur. (Une petite église particulièrement gracieuse à Viterbe [a], non loin du Palazzo communale.) En d’autres endroits on observe une déviation tout à fait étrange de l’incrustation, alternant entre le marbre rouge et le marbre blanc, et qui, au lieu de servir d’encadrement ou de se superposer en assises, affecte la forme d’échiquier ou de grillage. (Il en est ainsi déjà à S. Chiara [b] à Assise). Dans la cathédrale [c] de Pérouse on a commencé une incrustation qui, si elle avait été exécutée, aurait couvert tout l’édifice d’un dessin de tapisserie. (L’intérieur est vaste, mais le détail est lourd ; les trois nefs sont de la même hauteur, les piliers sont octogones.)


L’unique monument gothique de Rome, l’église des Dominicains de S. Maria sopra Minerva [d], commencée en 1280 probablement par Fra Sisto et Fra Ristoro, architectes de S. Maria Novella à Florence, reste très loin derrière l’église son ainée. La restauration actuelle avec marbre imité, or et fresques, fait paraître l’église encore plus lourde qu’elle ne l’était avec son badigeon blanc. L’intérieur de la chapelle Sancta Sanctorum [e], auprès du palais de Latran, a encore un revêtement imité du style gothique, composé de colonnettes torses et d’ogives, exécuté vers 1280 probablement par le Cosmate Adéodat. C’est aujourd’hui un cadre à d’anciennes peintures. Çà et là quelques arcs en quelques frises gothiques isolés. En fait de cloîtres de ce style, Rome ne possède à ma connaissance que le cloître peu important situé près d’Araceli [f]. Comme grand couvent, S. Francesco [g] à Assise (XIIIe et XIVe siècle) est incomparable, moins par les cours intérieures que par l’architecture extérieure qui, avec ses substructions et ses corridors, domine le paysage comme un château fort royal.


En même temps, et indépendamment sans doute de la Toscane, s’accomplit dans la haute Italie un développement semblable qui a son centre à Venise. Ici encore ce style, par ses monuments les plus anciens et les plus importants, dériverait de Niccolò Pisano. Vers 1240 commencèrent