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PREMIÈRE RENAISSANCE.

1466 pour Diomede Carafa. Mais, encore avant la fin du XVe siècle, le Napolitain Gabriele d’Agnolo construisit le Pal. Gravina [a] (poste), dont l’ordonnance ancienne, fortement endommagée par la restauration moderne, était de la plus grande beauté : le rez-de-chaussée a de forts bossages, l’étage supérieur a des parements lisses avec pilastres corinthiens ; au-dessus des fenêtres d’un encadrement puissant, des médaillons avec bustes, puis la corniche principale (celle d’aujourd’hui est moderne). L’addition de nouveaux étages et le percement de nouvelles fenêtres a détruit le caractère de l’édifice. — De la main de Gianfrancesco Mormandi († 1522), que se disputent Florence et Naples, est le Pal. della Rocca [b] (Strada S. Trinità, no 6), du moins les étages inférieurs de la cour, d’un style simple, les arcs sur piliers avec la grande porte cochère voûtée, déjà alors caractéristique, et restée telle pour la fastueuse ville de Naples. — Dans l’église de S. Severino [c], subsiste encore de la construction de Mormandi (1490) le côté antérieur gauche, d’un beau style florentin. — Du même temps, et bien conservé encore, le gracieux Pal. Alice [d] (actuellement Palazzo Calviati, Piazza S. Domenico Maggiore, no 3), dont l’auteur ne saurait être désigné.

Parmi les églises Renaissance d’une date postérieure (mais fidèles encore au style du XVe siècle), S. Caterina a Formello [e], construite en 1523 par Antonio Fiorentino, originaire de la Cava, et S Maria la Nuova [f] (de la même époque, bien que la date d’achévement soit plus récente), méritent au moins un regard. Plus remarquable que toutes deux, S. Maria delle Grazie [g], près des Incurabili, a été construite (environ vers 1530) par Giacomo de Santi[1], qui passe pour savoir été le disciple de Ciccione ; les entrées des chapelles des deux côtés de la nef ont la forme d’arcs de triomphe antiques et sont presque entièrement recouvertes de riches ornements, non sans quelque surcharge. Les murs supérieurs sont dus à un remaniement de construction.

Les tours peu nombreuses de ce style, par exemple la tour de S. Lorenzo [h] (datée de 1487), sont très simples : murs lisses ; aux angles, des pilastres ; vers le haut, développement presque nul. Les parties supérieures de la tour de S. Chiara [i], à l’aide desquelles les Napolitains veulent démontrer leur priorité en fait de Renaissance, sont non pas de Masuccio le jeune (XIVe siècle), mais probablement des commencements du XVIIe siècle.


À Gênes, les constructions du XVe siècle ne tiennent pas en général une place importante ; l’architecture n’est pas encore affranchie du gothique, dont la domination persiste longtemps, comme le prouve, par exemple, à la cathédrale [j], la gracieuse chapelle de Saint-Jean-Baptiste, ouvrage

  1. Quant à la vie même de cet artiste (Giacomo ou Giovanni), mort, selon Grossi, en 1521, et à la date de construction de l’église, il y a encore quelques obscurités, de même que pour nombre de points dans l’histoire de l’art à Naples.