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PREMIÈRE RENAISSANCE.

de l’architecte de la Madonna di Campagna à Plaisance), était destiné à être, non un baptistère, mais la Cappella di Cristo risorto [a] ; à l’intérieur, il a deux étages, à L’extérieur trois ; L’intérieur est modernisé, les fresques sont de 1600 environ. — Parmi les cloîtres en briques, le cloître des Umiliati [b] (qui est maintenant un presbytère) a la beauté de style de la première époque de Bramante ; c’est comme une esquisse de la cour de S. Maria della Pace à Rome.


À Mantoue, au centre de la ville, si animé, autour de S. Andrea, il y a encore des quartiers entiers de ce temps, mais il ne s’y trouve pas un seul édifice considérable. À la cathédrale [c], de Jules Romain (voy. plus loin), sont adossées pourtant des parties plus anciennes, assez remarquables ; avant tout une grande chapelle octogone (au fond, à gauche), d’une architecture excellente.


Parmi les fortifications de la première Renaissance, nous avons déjà mentionné plus haut (p. 76 et suiv.) celles qui rappellent encore l’architecture gothique profane ; la citadelle de Cività Castellana [d] d’Antonio da Sangallo (p. 100 H). La belle forteresse d’Ostie [e], construite en 1483 par Giul. da Sangallo, est d’un haut intérêt pour l’histoire de la fortification ; elle offre le plus ancien exemplaire peut-être d’un bastion proprement dit (non plus rond, mais à faces). Le château insignifiant de Palo [f], parfois attribué à Bramante, n’est pas de lui.




Il peut ne pas paraître très méthodique, lorsqu’il s’agit d’un style d’architecture décoratif par excellence, de ranger à part les œuvres décoratives proprement dites, surtout quand beaucoup d’entre elles sont de la main des mêmes artistes qui ont décidé des destinées de l’œuvre architecturale ou plastique dans son ensemble. Peut-être cependant, pour la clarté de l’ensemble, voudra-t-on nous permettre d’en donner ici un aperçu.

Les initiateurs de ce style décoratif ne sont pas exclusivement des architectes : le sculpteur Donatello, et probablement aussi le peintre padouan Squarcione, en partagent le mérite avec Brunellesco. Squarcione même était allé en Gréce pour ramasser les fragments antiques de tout genre. La faveur qui accueillit cette ornementation nouvelle s’explique mieux encore quand on songe que la décoration était la partie la plus faible et la plus arbitraire du gothique italien jusqu’alors dominant. Si, vers le même temps, fut saluée avec enthousiasme la révolution qui se produisit dans la sculpture, il en devait être de même pour cet art qui entourait les œuvres plastiques du cadre le plus brillant. En tout ce qui regarde le travail technique de la matière, marbre, bronze, ou bois, dans les deux arts, les progrès ont été parallèles.

Les objets sont restés les mêmes, mais le travail et la richesse ont sin-