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PREMIÈRE RENAISSANCE.

l’évêque Brancacci († 1427) à S. Angelo a Nilo [a], par Donatello, exécuté par Michelozzo dans le style des tombeaux gothiques de Naples ; tombeau de Marie d’Aragon († 1480) par Ben. da Majano, d’après les plans d’Antonio Rosselino, à Monteliveto [b] ; deux autels [c] de Rosselino et de Benedetto da Majano, l’Arc de triomphe d’Alphonse [d] au Castello Nuovo, par plusieurs maîtres aujourd’hui connus qui avaient été appelés de Rome, etc.)

Toute une école de ce style se révèle dans la crypte [e] de la cathédrale (1492), sorte de petite basilique souterraine, à trois nefs de même hauteur, à plafond droit, revêtue d’ornements à l’infini. (Cette ornementation, souvent reproduite en dessins, moulages et imitations, est probablement l’œuvre de Tommaso Malvito, de Crémone ou de Côme.) Ici la Renaissance se montre avec ses qualités les plus profondes : elle satisfait pleinement là où elle a libre cours. Tous les pilastres, et les simples jambages, tant au sens horizontal qu’au sens vertical, avec leurs arabesques, leurs fleurs, leurs écussons, leurs guirlandes, etc., sont du plus bel et du plus léger effet. L’architecture, en revanche, n’est pas d’un organisme sévère : les lignes sont trop grêles, et les supports trop décoratifs. Quant aux figures humaines du plafond, qui feignent de le porter, et qui, d’ailleurs, sont loin de valoir le reste de l’ornementation, c’est là une création tout à fait propre à Naples.

Le reste se compose de niches, autels, tombeaux, en quantité innombrable. Il s’était formé en ce genre toute une école décorative, qui, pourtant, ne commence à compter des artistes de nom (et dans des œuvres d’un goût déjà moins pur) que vers le seizième siècle : tels Giovanni (Merliano) da Nola, Girolamo Santacroce, Domenico di Auria, et une série d’artistes de moindre rang, jusqu’à Cosimo Fansaga, qui, au temps du Bernin encore, ne reniait pas tout à fait la manière de la vieille époque. — Ces artistes sont, comme sculpteurs, Giov. da Nola lui-même, d’un mérite secondaire ; comme décorateurs, qu’ils subissent ou non l’influence du dehors, ils mériteront toujours l’estime des bons juges, parce que, dans leurs œuvres, l’alliance de l’architecture et de l’ornementation figurée est heureuse et sûre, même quand les figures sont médiocres et de peu de valeur.

Pour ce qui regarde les autels, on voit d’abord se continuer, comme au moyen âge, les tabernacles couvrant la table d’autel : des arcs et frontons riches sur quatre colonnes, ou deux seulement, et adossés derrière. Voir à S. Chiara [f], des deux côtés du portail, un autel gothique, et un autre de la première Renaissance. — Puis, à Naples précisément, commence l’autel sculpté, avec statues et reliefs dans une architecture appliquée, le tout souvent formant une grande niche, avec un vrai luxe. Au nombre des plus ornés sont les autels des deux côtés de la porte de Montoliveto [g] (par Nola et Santacroce). À S. Giovanni a Carbonara [h], une grande niche avec autel, d’un travail splendide et très fouillé (les