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PREMIÈRE RENAISSANCE.

et le tout, à part les modifications récentes, a été terminé en 1496. Ce travail d’ornementation, qui jadis a dû certainement offrir un grand intérêt, a, par les additions en style baroque, beaucoup perdu de son charme : pourtant il fait encore impression par la légéreté et la beauté du plan.

Gênes se distingue surtout par ses encadrements de portes en marbre, ornés souvent de riches arabesques (de style lombard pour la plupart), ou de médaillons et de corniches. C’était un des rares moyens possibles de donner quelque élégance à cette sorte d’habitations en forme de cahutes dans des rues étroites. Les meilleurs, que le hasard m’a fait rencontrer, sont dans une maison de la place S. Matteo [a], dans une autre maison de la petite place derrière S. Giorgio [b], et dans le vestibule d’un grand édifice sur la place Fossatello [c] (ce dernier emprunté peut-être à une église). (Voir plus haut, p. 109 E.)

Le jubé d’orgue en marbre à S. Stefano [d] est un travail passable, probablement florentin, de l’année 1499.

À S. Maria di Castello [e], la niche du troisième autel à droite forme un très heureux ensemble avec le beau tableau de Sacchi (1524), le revêtement de plaques vernissées et l’encadrement extérieur.

Il y a déjà quelque imitation de l’antique, en partie très bien entendue, dans les décorations de Montorsoli, à S. Matteo [f] ; surtout dans les deux tombeaux de saints sur les parois du chœur, et les deux autels aux deux extrémités du transept. — Les deux cheminées colossales des grandes salles du Pal. Dorio [g] sont-elles aussi du même artiste ? C’est ce que j’ignore.

Enfin, ici, comme ailleurs, l’effort du style classique par l’emporte pour un moment. Le tabernacle de la chapelle de Saint-Jean dans la cathédrale [h], par Giacomo della Porta (1532), est une des principales œuvres décoratives de ce genre, au moins pour le dessous du plafond. (Les sculptures des bases des colonnes sont de Guglielmo, le frère de Giacomo.)


Pour la décoration des monuments de la Haute-Italie (à l’exception de Venise), nous pouvons être plus bref. Ici la rareté du marbre rendait nécessaire l’emploi du grès, de la pierre calcaire, du stuc et de la terre cuite. Sans doute, même avec ces matériaux inférieurs, une énergique volonté d’artiste pouvait atteindre très haut ; la moyenne d’exécution pourtant, dans ces circonstances, restera toujours inférieure. Seul le marbre blanc invite sans relâche l’artiste au progrès, au raffinement.

Entre la manière florentine et le style de la Haute-Italie, de Padoue particulièrement, Bologne sert de transition. Pour qui vient du Nord, cet éclat charmant, dans l’ornementation en terre cuite surtout, peut d’bord éblouir ; ce n’est pourtant qu’avec le marbre de Florence et de Sienne que l’étude pratique trouve son compte. Non seulement les œuvres bolonaises sont généralement criardes et surchargées (il suffit d’analyser un pilastre avec enfants, dauphins, candélabres, coupes, rubans, guirlandes