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ŒUVRES DÉCORATIVES : VINCENTINO, CELLINI.

matière même employée, à une simplicité de représentation, faute de laquelle les reliefs des plus grands maîtres de ce temps ne nous donnent pas une jouissance complète. Ici, on croit avoir sous les yeux l’un des monuments les plus purs de la sculpture du temps ; mais on se demande si, ayant affaire au marbre, Valerio serait resté aussi pur et aussi expressif. Par égard peut-être à la grande valeur de ses compositions, la bordure du coffret est d’une architecture très simple.

Dans le coffret Farnèse de Joannes de Bernardi au Musée de Naples [a], au contraire, la monture métallique, riche et mouvementée, l’emporte sur la taille du cristal (chasses, exploits d’Hercule, etc.). Ce dernier, comme ensemble décoratif, est unique en son genre ; mais, dans le détail, malgré l’excellence du travail, il est moins heureux que le précédent[1].


Il ne s’est, par malheur, rien conservé authentiquement des objets de luxe coulés en bronze, que la biographie de Benvenuto nous fait tant désirer et regretter[2]. — Ceux qui vinrent aussitôt après lui n’ont pas hérité de l’heureuse et fine harmonie de sa manière. Ils durent se plier au goût insensé des derniers Médicis pour les curiosités étranges et les tours de force. (Statuettes d’apôtres en pierres précieuses ; ex-voto en relief de Cosme II aux Offices [b].) — Ce goût des régents de Florence, qui d’ailleurs, à tant d’égards, ont bien mérité des beaux-arts, a laissé de lui un monument qu’on peut réellement appeler impérissable : je veux dire la mosaïque florentine en « pierre dure » (pietre dure). Il nous sera permis de passer vite sur les travaux incroyablement coûteux de cette fabrique du XVIIe et du XVIIIe siècle, attendu que l’art proprement dit y est d’une extraordinaire faiblesse. Ce qu’il y a de mieux, ce sont peut-être quelques plaques de table avec ornements sur fond noir. Parmi les travaux de dimension plus grande, citons à cette occasion les ornements en relief de pierres fines dans la chapelle de la Madone de l’Annunziata [c], les armoiries dans la grande coupole annexée à S. Lorenzo [d], et la balustrade du chœur dans la cathédrale [e] de Pise.

La mosaïque romaine, qui reposait, non sur le luxe des pierres dures, mais sur la pâte de verre du moyen âge, et qui était l’héritage de l’ancienne mosaïque d’église (laquelle n’avait jamais été complètement ou-

  1. Puisque nous ne pouvons ni ici, ni à propos de la sculpture, consacrer un chapitre spécial à ces sculpteurs de miniature, qui étaient aussi graveurs en médailles, nous renvoyons à la vie de Valerio Vicentino et des autres chez Vasari, et aux notes des éditeurs (Firenze, Lemonnier, IX, 256).
  2. On attribue à Benvenuto, dans la bibliothèque du Musée de Naples [f] la reliure d’un livre de messe ; à Mantoue [g] (sacristie de S. Barbara), un bassin : à Rome [h], dans le trésor de Saint-Pierre, une série de candelabres. Parmi les bronzes qui des Offices ont été transportés au Musée national du Bargello [i], seuls le casque et le bouclier de François Ier sont de lui ; et encore ici pourrait-on élever des doutes. — Au Palais Durazzo [j], à Gênes deux vases d’argent fondus et ciselés.