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PREMIÈRE RENAISSANCE.

la partie carrée, des guirlandes pareilles encadrent les médaillons des Évangélistes sur fond d’or. Sur le reste du fond bleu se détachent les figures du Père éternel, d’Apôtres et (dans le carré) de chérubins aux ailes rouges, déroulant des rubans ornés de légendes. (Le tout dans un tel état de conservation, qu’il est aisé de reconstituer l’impression de l’ensemble.)

C’est à un rang singulièrement plus humble, malgré l’éclat et la grâce, qu’il convient de placer la décoration de la chapelle S. Biagio (à l’extrémité gauche de la nef latérale) de SS. Nazaro e Celso [a] à Vérone. C’est une des premières œuvres de Giov. Maria Falconetto, célèbre dans la suite comme architecte. (Les figures sont en partie de lui, en partie de B. Montagna.) Il n’y a, ni dans le soubassement en carré, ni dans l’abside polygonale, ni dans la coupole, une alternance logique entre les parties monochromes, les parties polychromes et l’or. Mais, malgré l’état de délabrement de l’ensemble, le détail est encore d’un effet charmant. Dans la coupole, deux cercles de caissons pour figures d’Anges ; le tambour avec pilastres couleur de pierre pour des Saints ; la frise au-dessous, un cortège de Néreides sur fond de couleur ; dans les pendentifs, les Évangélistes en couleur entre des reliefs couleur de pierre, etc.

La transition entre l’école de Padoue et l’école classique est dignement marquée dans l’ornementation de la voûte de la sacristie de S. Maria in Organe [b] à Vérone, par Franc. Morone, qui, du moins, est l’auteur des peintures proprement dites.

Un choix d’excellentes arabesques composées pour d’étroits panneaux se trouve à SS. Nazaro e Celso [c] à Verone (panneaux des piliers entre les autels latéraux) ; ce sont des guirlandes de fruits avec ou sans enfants, des candélabres dorés, des ustensiles de toute sorte sur fond de couleur foncée (vers 1530).


Au premier rang parmi les décorations peintes de la Renaissance, sont les magnifiques peintures de la Chartreuse [d] de Pavie, peut-être d’après les dessins de Borgognone. Caissons en couleur de la voûte architectures en perspective, couronnes, etc., sur les murs, forment un ensemble d’une beauté incomparable. L’encadrement des fenêtres du transept droit est en partie inspiré des trois fenêtres du côté sud de la cathédrale de Côme, par Bramante.

Parmi les décorations lombardes polychromes, les plus remarquables sont : les arabesques de Bramante (ou plutôt peut-être de Borgognone à l’Incoronata [e] à Lodi ; les riches peintures des piliers au Monastero Maggiore [f] à Milan.

Dans une maison particulière de Bergame [g] (sur la grande rue qui va de la place au château), il y a encore un plafond voûté (volta a specchio), du temps de l’ancien propriétaire, le condottiere Colleoni, dans un passable état de conservation. Au milieu, Dieu le Père bénissant : dans les pendentifs, des médaillons (demi-figures des apôtres) portés par