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ŒUVRES DÉCORATIVES : GIOVANNI DA UDINE.

dre une impression de légèreté. Il faut citer de même ici les encadrements purement architectoniques des figures de la coupole dans la chapelle Chigi (S. Maria del Popolo [a] à Rome). Ils sont, dans leur simplicité, du plus beau style décoratif en ce genre : dorés, et d’un accord parfait avec les mosaïques. Giovanni da Udine, à la Farnésine [b], a peint d’une façon toute magistrale les festons qui encadrent l’histoire de Psyché.

Il faut citer enfin le portique autrefois ouvert de la Villa Madama [c], près de Rome. L’exécution, on le sait, qui ne rend qu’imparfaitement l’intention de Raphaël, est de Jules Romain, auquel de même il serait difficile de contester les excellentes peintures de frise des chambres inférieures, non plus que la belle frise avec festons, candélabres et amours. Mais dans le portique décoré par Giovanni da Udine, l’inspiration des Loges est encore si pure et si puissante, que, grâce au plus grand espace, l’œuvre paraît encore plus accomplie. Certaines scènes, certains motifs attribués à Raphaël, sont, en tout cas, dus à son inspiration, et il en a surveillé l’exécution. Au siècle dernier, les parties tombées ont été remplacées par des ornements rococo, et aujourd’hui le propriétaire laisse le tout en ruines[1].

Les décorations de stuc, dans les portiques inférieurs du beau Palais Massini [d], probablement aussi de la main de Giovanni da Udine, sont dignes des travaux exécutés par cet artiste au Vatican. Giovanni y travailla-t-il sur les dessins de l’architecte B. Peruzzi ? Le doute est permis, car Peruzzi mourut un an après le commencement de la construction.


Ce qu’il nous reste à ajouter est, auprès de tels travaux, d’une importance relative, mais qu’il ne faut pas dédaigner. Il s’agit surtout de voûtes réelles ou apparentes, ou enfin de plafonds. Quant aux murs des chambres closes, c’était désormais sur les tapisseries tissées que d’ordinaire on comptait ; les pilastres étaient presque entièrement abandonnés à l’architecture. En outre, il importe de ne pas oublier, a cette occasion, certain genre de décoration murale en grand réservé pour des emplacements découverts.

Nous commençons par un édifice dont la décoration, étant donnés les divers styles des différentes chambres, semble se répartir sur près d’un siècle. Par la diversité des proportions et de la manière, c’est comme toute une école de décoration, le plus souvent de la meilleure époque, d’une variété telle que, sauf au Vatican, il ne saurait guère s’en rencon-

  1. Dans la chambre de bains du cardinal Bibiena au Vatican, depuis longtemps inaccessible, la décoration (reconnaissable encore dans les années 1868-69), était d’un style plus rapproché de l’antique que les Loges, mais d’une valeur bien moindre. L’exécution en avait été abandonnée aux élèves les plus faibles de Raphaël. — La jolie Venus s’arrachant une épine n’y est plus. Le reste des figures n’offre aucun intérêt. Le premier regard suffit à prouver que les Heures de Raphaël n’ont jamais été dans cette chambre.