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ŒUVRES DÉCORATIVES : TRAVAUX DE STUC.

d’églises. — Un travail uniquement de stuc (et excellent) dans la voûte d’escalier du Palais des Conservateurs [a] au Capitole.

Si, de pontificat à pontificat, on peut suivre dans les galeries des Loges, postérieures à Raphaël, la décadence générale du genre, la simple arabesque peinte n’a même pas à Rome cette dernière floraison dont Poccetti est le représentant à Florence. Les peintures de la Sala ducale au Vatican [b], de la Bibliothèque, et de la Galleria Geografica, ne sont pas à comparer avec les travaux florentins. Ce qui y offre le plus d’intérêt, ce sont les rues d’édifices romains, et les paysages de Mathæus et de Paul Bril, qui ont leur place au moins dans l’histoire du paysage. — De Cherubino Alberti et de son frère Durante il n’y a ici que trop peu de choses : le plafond de la chapelle Aldobrandini à la Minerva [c], et celui de la sacristie de’ Canonici au Latran [d], révèlent un très habile décorateur.

Les peintures de la Vigna di Papa Giulio [e] par les Zuccheri et Prospero Fontana sont encore bonnes pour l’époque.

Mais, en somme, l’arabesque romaine est trop sacrifiée aux sujets eux-mêmes, aux scènes historiques et symboliques ; — et elle y perd sa clarté sereine. Comment, par exemple, dans la Galleria Geografica [f], aurait-elle sa place parmi les peintures de Tempesta, au milieu de toute l’histoire ecclésiastique ? Raphaël, dans les Loges, avait si habilement su écarter de l’arabesque les sujets sacrés !

À Naples, de bons travaux dans ce style : par exemple, le cloître de S. Carmine [g] et la congrégation de Monte Oliveto [h], de 1545.


À Venise de même, bientôt il ne fut plus du tout question de la décoration, telle qu’elle survit encore dans la Scala d’oro et les travaux de Padoue, cités plus haut (p. 194). On s’habitue à laisser les voûtes en blanc (églises de Palladio), et à revêtir les plafonds plats de grandes peintures à l’huile. (Salles du Palais des Doges [i] depuis les incendies de 1574 et de 1577 ; Scuola di S. Rocco, nombre de sacristies, petites églises, etc.) Pour la convenance des tableaux de plafond et la grande valeur de quelques-uns d’entre eux, il fallait un style idéal, afin de rendre supportables les scènes allégoriques, sans parler des sujets historiques, si fatigante pour les yeux. Tout au contraire, ce qu’on cherche, c’est l’illusion réaliste : les scènes peintes veulent, à travers leur cadre d’or, être prises pour des scènes réelles. (Il en sera encore question, de plus près, à propos de la Peinture.) Les cadres eux-mêmes ont parfois certaine grandeur de configuration ; mais les profils en sont déjà d’un style très baroque, et généralement plats (pour éviter les ombres). Les champs voisins, il est vrai, sont ornés de représentations plus simples, monochromes (bronze, gris-bleu, brun), mais le cadre fortement doré rend impossible tout contraste un peu délicat de la décoration avec les peintures principales. — Les salles du palais des Doges n’en sont pas moins parmi