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PEINTURE DES CATACOMBES.

date. Si les premières peintures ne sont pas d’un dessin meilleur, si l’exécution en est parfois moins soignée, elles ont cependant un plus grand charme par le légèreté souvent hardie du pinceau par la manière plus voisine de l’esprit antique. Les figures s’y mêlent à l’ornementation, et ce mélange leur donne ce caractère décoratif qui leur va si bien. Quant à la composition et au choix des sujets, ces deux points sont du plus haut intérêt pour l’histoire des premières relations entre l’art et le christianisme.

Parmi les plus anciennes peintures, les sujets tirés du texte biblique ne sont guère que l’exception (le Baptême du Christ, Noé dans l’arche, la Résurrection de Lazare). Le Bon Pasteur, au contraire est très fréquent, et le plus souvent en pendent à l’Orante, qui est l’image de l’âme séparée du corps (et non pas la Madone, comme le prouvent les inscriptions). Certaines représentations, telles que le Miracle de la multiplication des pains, l’histoire de Jonas, etc., ont une tendance symbolique. La représentation même s’y borne à ce qui est strictement nécessaire pour l’intelligence du sujet. C’est ce qui fait que très vite la peinture des catacombes se raidit, et n’est plus guère qu’une sorte d’idéographie. Ni le Bon Pasteur ni le Christ (toujours imberbe) n’ont un type déterminé ; les apôtres moins encore. Ce n’est qu’au Ve siècle que se trahit dans les figures d’Orantes un certain effort vers la ressemblance et le portrait. Tant que les catacombes ont été lieux de sépulture (c’est-à-dire jusqu’au commencement du Ve siècle), les personnes saintes sont représentées sans attributs. Ni le Christ ni les apôtres n’ont le nimbe : souvent même le Christ n’a que la tunique courte, sous le manteau traditionnel des philosophes. Le Madone n’apparaît guère que dans les rares peintures de l’Adoration de l’Enfant par deux, trois ou quatre Mages (en costume persan). Les quelques images votives des catacombes, figures de saints avec attributs, datent de l’époque du culte des saints, du Ve au VIIIe siècle. Ces figures appartiennent au style postérieur et n’ont aucun lien historique ou esthétique avec le cycle clos des peintures des catacombes, qui se retrouve de même dans les reliefs des sarcophages (v. p. 307). Il n’y a guère que les travaux de métier, tels que les fragments de vases de verre (vetri), avec figures, et les reliefs de terre cuite et de bronze (Voir surtout le Musée chrétien [a] du Vatican) où il y ait vraiment une liaison entre l’art chrétien primitif et l’art postérieur.


Les mosaïques des églises nous ofrent une série authentique et ininterrompue de peintures chrétiennes, depuis l’époque où le christianisme fut officiellement reconnu pur l’État. Mais nous devons placer ici quelques brèves observations sur la manière dont il couvient d’envisager ces œuvres.

Cet art est soumis à plus de conditions que tous les autres. D’abord la recherche du luxe, de l’effet monumental et de la durée, impose une matière