Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fougères et de fleurs sauvages, où jouaient les lièvres et les lapins, et les daims aux grands yeux languissants, couchés dans l’épais gazon. Il y avait à peine deux semaines, il était encore à côté de M. Hobbes, grimpé sur un baril de cassonade ou sur une caisse de savon, avec ses jambes dansant le long de ce perchoir, ne se doutant guère des grandeurs qui l’attendaient, et maintenant il marchait entre deux rangées de serviteurs qui le considéraient comme leur maître et leur seigneur futur, et se tenaient tout prêts à exécuter ses moindres volontés.

À leur tête était une vieille dame, en simple robe de soie noire.

« Voici lord Fautleroy, madame Millon, lui dit M. Havisam, qui tenait le petit lord par la main. Lord Fautleroy, voici Mme Millon, la femme de charge du château. »

Cédric lui tendit la main.

« C’est vous, m’a-t-on dit, qui avez envoyé le beau chat à maman pour moi ; je vous remercie beaucoup.

— J’aurais reconnu Sa Seigneurie partout où je l’aurais vue, dit la femme de charge, pendant qu’un sourire de contentement se répandait sur sa figure ; c’est le capitaine trait pour trait. Voici un grand jour, mylord, » ajouta-t-elle.

Cédric se demanda pourquoi c’était un grand jour. Il lui sembla voir briller une larme dans les yeux de la vieille dame ; évidemment, pourtant, elle n’éprouvait pas de chagrin, car elle lui sourit de nouveau :

« La chatte que j’ai envoyée à la Loge a deux beaux petits chatons, dit-elle encore ; on les portera dans l’appartement de Sa Seigneurie. »