Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chande de pommes, sur M. Hobbes, il décrivit la fête dont il avait été témoin à propos de l’élection du président des États-Unis, parla des bannières, des illuminations, des marches aux flambeaux. Il en était sur le Quatre Juillet et allait se laisser emporter par l’enthousiasme lorsque tout à coup il s’arrêta.

« Qu’y a-t-il ? demanda son grand-père. Pourquoi ne continuez-vous pas ? »

Le petit lord s’agita sur sa chaise d’un air un peu gêné. Il était évident qu’il était troublé par une idée qui venait de se présenter à son esprit.

« Je pensais, dit-il avec un peu d’hésitation, que vous pouviez ne pas aimer à entendre parler du Quatre Juillet et de la… de la guerre de l’Indépendance. Peut-être des personnes de votre famille étaient-elles en Amérique à ce moment-là et ont-elles été tuées ou blessées. J’oubliais que vous êtes Anglais.

— Et vous oubliez que vous l’êtes vous-même, dit le comte.

— Oh non ! dit vivement Cédric ; je suis Américain.

— Vous êtes Anglais, dit sèchement le comte : votre père l’était. »

Cela l’amusait de pousser l’enfant pour voir ce qu’il répondrait ; mais cela n’amusait pas Cédric. Il n’avait jamais pensé qu’il pût perdre son titre d’Américain, et il se sentait chaud jusqu’à la racine des cheveux.

« Je suis né en Amérique. On est un Américain quand on est né en Amérique. Je vous demande pardon de vous contrarier, mais M. Hobbes me l’a dit ; s’il y avait une autre guerre entre les Anglais et les Américains, je serais avec les Américains. »