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XIII


Cédric sauta de sa chaise ; il alla à son grand-père et, regardant le pied du comte posé sur son coussin :

« Voulez-vous me permettre de vous aider ? dit-il gentiment. Vous pouvez vous appuyer sur moi, vous savez. Une fois, M. Hobbes s’étant blessé en faisant rouler un baril de pommes de terre sur son pied, il s’appuya sur moi pour marcher. »

Le grand et imposant valet de pied faillit mettre sa situation en péril, car il se laissa presque aller à sourire. C’était un valet de pied aristocratique, qui avait toujours vécu dans les plus nobles familles, et jamais jusque-là il n’avait souri. En vérité il se serait regardé comme un laquais de bas étage s’il s’était jamais laissé aller à commettre une action aussi indiscrète qu’un sourire. Mais il avait un moyen sûr d’échapper au danger qui le menaçait. C’était de détourner ses yeux de la gentille petite figure de Cédric pour les porter sur les traits rudes et renfrognés du comte. Ceux-ci ne provoquaient jamais le moindre sourire, et leur vue suffit pour rendre au valet toute sa gravité.