Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/148

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« J’oubliais que vous étiez là, dit-il. J’oubliais que nous avions ici un philanthrope. Qui est ce Michel ? Un de vos amis sans doute ? »

Et l’espèce de sourire qu’à plusieurs reprises nous avons déjà vu dans les yeux du comte, s’y montra de nouveau.

« C’était le mari de Brigitte, dit Cédric. Il avait aussi la fièvre, et il ne pouvait payer ni son loyer, ni le vin, ni les autres choses qu’il lui fallait, et vous m’avez donné de quoi l’aider. »

Le comte grimaça d’un sourire.

« Je ne sais pas quelle sorte de propriétaire il fera plus tard, dit-il, en s’adressant au recteur, mais pour l’instant… J’avais recommandé à Havisam de lui donner tout ce dont il avait envie ou besoin, et tout ce dont il a eu envie, c’était d’argent, pour donner à des mendiants.

— Oh ! mais ce n’étaient pas des mendiants, dit le petit lord avec vivacité. Michel est un excellent maçon ; tous étaient de bons ouvriers.

— Eh bien ! fit le comte, mettons que ce n’étaient pas des mendiants, mais d’excellents maçons, ou de remarquables décrotteurs, ou de respectables marchandes de pommes. N’est-ce pas cela ? »

Il regarda l’enfant quelques instants en silence. Le fait est qu’une nouvelle pensée venait de surgir dans son esprit, et, quoiqu’elle ne lui eût peut-être pas été inspirée par le sentiment le plus noble, ce n’était pas une mauvaise pensée.

« Venez ici, Fautleroy, » dit-il.

L’enfant obéit et se plaça devant son grand-père, en ayant soin de ne pas heurter son pied malade.