Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/16

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vait depuis longtemps, je suis sûre que, tout petit qu’il est, il me comprend, qu’il devine tout ce que je souffre et qu’il veut me soulager. Il a un si brave petit cœur ! si tendre et si courageux ! »

Et en effet, Cédric continua à être le petit compagnon de sa mère, sortant, causant, jouant avec elle. Quand il sut lire, il lui lut tous les livres qui formaient sa bibliothèque enfantine, et de plus des livres sérieux ou les journaux. Peu à peu, les couleurs reparurent sur les joues de Mme Errol, et de temps en temps Mary, de sa cuisine, l’entendit rire des remarques et des raisonnements de Cédric.

« C’est qu’aussi, disait de son côté Mary à M. Hobbes, il a de si drôles de petites manières et il vous tient des discours si sérieux ! N’est-il pas venu dans ma cuisine, le jour où le président fut nommé, pour parler politique avec moi ! Il s’arrêta devant le feu, les mains dans ses petites poches, et, son innocente petite figure aussi grave que celle d’un juge, il me dit : « Mary, je m’intéresse beaucoup à l’élection : je suis un républicain ; Chérie aussi. Et vous, Mary, êtes-vous républicaine ? » Depuis ce moment il n’a jamais été sans me parler des affaires du gouvernement, et toujours de son air de petit homme. »

La vieille bonne était fort attachée à l’enfant dont elle était très fière. Elle était fière de sa gracieuse petite personne, de ses jolies manières, fière surtout des boucles dorées et brillantes qui tombaient autour de son aimable visage.

« Il n’y a pas un enfant dans la Cinquième Avenue, disait-elle (la Cinquième Avenue est le quartier aristocratique de New-