Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/184

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coup le petit garçon, et à laquelle il pensait plus souvent que ne le croyait sa mère elle-même. Avec sa vivacité d’esprit et d’observation, il n’avait pas tardé à remarquer que le comte et sa mère ne se rencontraient jamais. Quand la voiture de son grand-père le conduisait à la Loge, jamais le comte ne descendait, et, dans les rares occasions où le comte allait à l’église, il laissait son petit-fils parler à sa mère sous le porche ou même la suivre chez elle, mais sans jamais s’en approcher. Cependant chaque jour des fruits et des fleurs, provenant des jardins ou des serres du château, étaient envoyés à la Loge. Là ne se bornaient pas les munificences du comte à l’égard de sa belle-fille : il avait donné des ordres pour qu’elle ne manquât de rien, sans doute d’après le principe émis devant M. Havisam, qu’il ne voulait pas qu’on pût lui reprocher de ne pas fournir à la mère de lord Fautleroy de quoi tenir convenablement son rang.

Ainsi, quelques semaines après son arrivée, Cédric, se disposant un jour à aller voir sa mère, trouva au bas du perron, au lieu de la grande calèche qui l’y conduisait ordinairement, un joli coupé attelé d’un beau cheval bai brun.

« C’est un présent de vous à votre mère, dit le comte brusquement. Elle ne peut pas aller à pied ; il lui fallait une voiture. Will, l’homme qui vous conduit, en aura soin, et sera à ses ordres ; mais souvenez-vous que c’est vous qui lui donnez cette voiture. »

La joie de Fautleroy put à peine s’exprimer, et ce fut par des paroles entrecoupées qu’il remercia son grand-père. Ce présent mettait le comble à toutes les attentions qu’il avait pour