Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il aimait le mieux au monde. Il aurait désiré être le premier dans les affections de son petit-fils, et n’avoir pas de rival.

Un jour que tous deux se promenaient comme de coutume, ils arrivèrent au sommet d’une colline d’où l’on apercevait une vaste étendue de paysage.

« Savez-vous que toutes ces terres m’appartiennent ? dit le comte, en étendant la main et en décrivant avec sa cravache un large demi-cercle.

— Vraiment ! dit l’enfant. Tout cela à une seule personne !

— Savez-vous aussi qu’un jour elles vous appartiendront ? continua le comte ; celles-là et bien d’autres encore ?

— À moi ! s’écria le petit lord, d’un ton qui peignait plutôt la crainte que la satisfaction.

— À vous.

— Et quand cela ?

— Quand je serai mort, répliqua le vieux lord.

— Oh ! alors, je ne tiens pas du tout à les avoir. J’aime bien mieux que vous viviez toujours.

— Bon ! Il y aura toujours un jour où elles vous appartiendront, un jour où vous serez le comte de Dorincourt. »

Cédric demeura quelques instants silencieux. Il contemplait le vaste paysage, les fermes entourées de champs cultivés, les maisonnettes perdues entre les arbres, les vertes prairies, les landes couvertes de bruyère, le village qui avait un air si tranquille et au-dessus duquel s’élevaient les tourelles du château. Il poussa un léger soupir.

« À quoi pensez-vous ? demanda le grand-père à Cédric.

— Je pense à ce que m’a dit Chérie.