Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/203

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les fenêtres, les toits, tenaient à peine ; que l’eau coulait le long des murs ; que la maladie et la pauvreté les habitaient. M. Mordaunt aussi lui avait peint toutes ces choses sous les couleurs les plus fortes qu’il avait pu trouver, et Sa Seigneurie avait repoussé avec violence toute idée d’apporter la moindre atténuation à ces misères. Cependant, en regardant la petite main posée sur son genou, et en remontant de la petite main à l’honnête et anxieuse petite figure qui se penchait vers lui, il se sentit un peu honteux de lui-même et de l’Impasse de Dorincourt.

« Voudriez-vous faire de moi un entrepreneur de chaumières modèles ? dit-il.

— Il faut absolument, Chérie l’a dit, que ces maisons soient jetées par terre, répliqua énergiquement le petit lord ; elles sont tellement délabrées qu’il serait impossible de les réparer : il le faut absolument. Venez les voir, ajouta-t-il, ses yeux brillant comme des étoiles et son visage animé par l’émotion, venez les voir et faites-les démolir tout de suite. Venez ; vos paysans seront si heureux de penser que vous vous intéressez à eux ! Ils vous seront si reconnaissants de les aider ! »

Le comte se leva et posa la main sur l’épaule de son petit-fils.

« Allons faire un tour sur la terrasse, dit-il, avec le rire sarcastique qui lui était habituel ; nous causerons de cela. »

Et quoique ce rire s’échappât encore deux ou trois fois de ses lèvres, pendant qu’il faisait, comme de coutume, sa promenade du soir sur la terrasse, appuyé sur l’épaule de son petit compagnon, il semblait occupé de pensées qui ne lui étaient pas désagréables.