Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/205

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cœur généreux. Plusieurs fois elle s’était dit qu’il avait été très heureux pour lui que Cédric plût à son grand-père : elle se disait maintenant qu’il pouvait aussi en résulter du bien pour les autres.

« Le comte ne peut rien lui refuser, dit-elle à M. Mordaunt, en lui développant son plan ; il lui accorde tout ce qu’il lui demande. Pourquoi ce bon vouloir ne serait-il pas employé en faveur de ces pauvres gens ? C’est à moi de faire mon possible pour qu’il en soit ainsi. »

Elle savait qu’elle pouvait se confier au cœur tendre de Cédric. Elle lui raconta tout ce qu’elle avait vu à l’Impasse, sûre qu’il en parlerait à son grand-père, et dans l’espérance qu’à sa prière le comte consentirait à améliorer le sort des malheureux qui étaient dans sa dépendance.

Quelque étrange que cela pût paraître à tout le monde, les choses tournèrent comme elle l’avait arrangé dans sa tête, et, une fois de plus, l’influence de Cédric sur le comte se fit sentir et se manifesta par un heureux résultat. Le secret de cette influence était toujours cette confiance de l’enfant dans son grand-père, qui lui faisait voir en lui un homme juste, humain et généreux. Le comte ne pouvait se décider à laisser soupçonner à son petit-fils qu’il n’avait nulle inclination à la générosité et qu’il se souciait fort peu de savoir s’il avait tort ou raison quand ses intérêts étaient en jeu. C’était une telle nouveauté pour lui d’être regardé avec tendresse et admiration par des yeux d’enfant ; d’être considéré comme un des bienfaiteurs de l’humanité, le type par excellence de la noblesse, qu’il ne trouvait pas la moindre satisfaction à se dire lui-