Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/208

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tions au sujet de ce qu’ils faisaient, comparant la manière dont ils s’y prenaient avec ce qu’il avait vu faire en Amérique. Il rendait ensuite compte à son grand-père de ses remarques, tandis qu’il retournait au château.

« j’ai toujours aimé à savoir comment se font les choses, disait-il au comte, car on ne sait jamais ce qu’on deviendra plus tard. »

Quand il était parti, les ouvriers souriaient entre eux de ses observations et de ses discours, mais leurs sourires n’avaient rien de moqueur. Ils l’aimaient ; ils aimaient à le voir arriver, à l’entendre parler, à le regarder se camper devant eux, les mains dans ses poches, son chapeau rejeté en arrière, et suivre tous leurs mouvements avec un sérieux plein d’intérêt. « C’est un garçon comme on n’en voit guère, disaient-ils ; et hardi, et pas fier avec le pauvre monde. Il n’y a rien de la vieille souche en lui. » Rentrés chez eux, ils parlaient du petit lord à leurs femmes, et les femmes en parlaient entre elles, de manière que Cédric était le sujet de toutes les conversations et que chacun avait une anecdote à raconter sur lui. À la fin, tout le monde avait reconnu que le « méchant comte », comme on l’appelait, avait enfin trouvé quelqu’un qui l’intéressait, et que son cœur, vieux, dur et insensible, avait fini par être touché et échauffé.

Mais personne ne pouvait savoir jusqu’à quel point le changement s’était produit, et comment, de jour en jour, l’intérêt du vieillard augmentait pour cet enfant, la seule créature qui se fût jamais confiée à lui. Il aspirait au temps où Cédric serait un jeune homme fort et beau, avec toute la vie ouverte devant lui, ayant conservé son cœur affectueux et le pouvoir