Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/227

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bles nouvelles qu’il devait annoncer au comte le soir même ; les étranges nouvelles qui, il le savait, causeraient au vieux lord un coup si terrible, et qui devaient changer de fond en comble la face des choses ! Il promenait ses regards autour de lui, sur les splendides appartements, sur la brillante compagnie qui y était réunie, sur le comte assis dans son fauteuil, sur l’enfant qui souriait à son côté, et il se sentait profondément ému, quoiqu’il ne fût qu’un homme de loi au cœur dur. Quel coup il allait frapper !

Il ne se rendait pas compte bien exactement de ce qui se passait autour de lui ; les choses s’agitaient comme dans un rêve ; plusieurs fois, cependant, il vit le comte l’observer avec surprise, pendant qu’il regardait lord Fautleroy, qui examinait des peintures avec miss Viviane Herbert.

« Je vous suis bien obligé d’avoir été si bonne avec moi, dit Cédric quand il eut fini ; je n’étais jamais allé à un grand dîner ni à une soirée auparavant, et je me suis bien amusé. »

Il s’était fort amusé en effet ; mais c’était la première fois qu’il veillait si tard, et il commençait à s’en apercevoir. Il essaya d’écouter la conversation qui se tenait auprès de lui, entre la belle lady et les jeunes gens qui l’entouraient ; il ne put y parvenir. Ses yeux se fermaient malgré lui. Il fit son possible pour les rouvrir deux ou trois fois ; ses paupières alourdies retombèrent. Sans qu’il en eût conscience, il laissa aller sa tête bouclée sur le coussin qui se trouvait derrière son dos, et, après avoir lutté encore quelque temps contre le sommeil, il fut définitivement vaincu. Il perdit alors complètement la conscience des choses ; il lui sembla seulement sentir un