Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rèrent. Son fils a sept ans. C’est une Américaine aussi, mais une Américaine appartenant à la dernière classe de la société. Il n’y a que peu de temps, m’a-t-elle dit, qu’elle sait que votre fils aîné est mort, et que, par conséquent, son fils est l’héritier du titre de lord Fautleroy et du domaine de Dorincourt. Elle est allée consulter un homme d’affaires, et elle est disposée à revendiquer les droits de son enfant. »

Il y eut un mouvement sur les coussins où reposait la tête bouclée de Cédric. Un soupir, long et profond, mais qui n’avait rien de pénible, glissa entre ses lèvres entr’ouvertes. Ce n’était pas, semblait-il, celui qui se serait échappé de la poitrine d’un imposteur. Le visage calme, rosé et souriant de l’enfant se retourna légèrement vers le comte, comme pour qu’il pût mieux voir ses traits et l’expression de candeur et de droiture qui les animait comme toujours.

Un sourire amer se répandit sur les lèvres du comte pendant qu’il tenait ses yeux fixés sur son petit-fils.

« Je pourrais me refuser à ajouter foi à ce que vous me rapportez, dit-il, si cette misérable affaire n’était liée au nom de mon fils Bévis. Il a toujours été une honte pour moi ! Cette femme est une personne vulgaire, mal élevée, ignorante, dites-vous ?

— Je suis obligé de convenir que c’est à peine si elle sait signer son nom. Elle est absolument sans éducation et fait tout à fait de cela une affaire d’argent. Elle est assez belle, si l’on veut, mais… »

L’homme de loi s’interrompit avec une sorte de tressaillement.