Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/237

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Quand il l’avait contemplée quelques instants, il refermait la boîte avec bruit, se promenait de long en large dans sa boutique, entre les sacs de pommes de terre et les barils de cassonade, allait jeter un coup d’œil dans la rue, puis venait reprendre son siège. Le soir, quand la boutique était fermée, il allumait sa pipe et suivait le trottoir jusqu’à la maison que Cédric avait habitée. Au-dessus de la porte se voyait un écriteau : « Maison à louer. »

M. Hobbes contemplait la maison et l’écriteau pendant quelques minutes, branlait la tête, tirait une demi-douzaine de bouffées de sa pipe, regardait de nouveau la maison, puis, d’un air profondément mélancolique, il revenait lentement sur ses pas.

Les choses se passèrent ainsi pendant un certain temps après le départ de Cédric, sans qu’une nouvelle idée se présentât à l’esprit du vieil épicier. Lent et lourd comme il l’était, une nouvelle idée avait peine à germer en son cerveau. Par principe, il n’aimait pas les nouvelles idées ; il préférait les anciennes, celles qui avaient fait leurs preuves et qui surtout ne donnaient pas le moindre travail à sa pensée.

Cependant, après deux ou trois semaines durant lesquelles les choses, au lieu de s’améliorer, étaient devenues pires, il conçut un projet. C’était d’aller voir Dick ; il ne le connaissait pas personnellement, mais il le connaissait pour en avoir entendu parler par Cédric. Dick était comme lui un ami du jeune Errol : c’était un lien entre eux.

Il irait donc voir Dick. Beaucoup de pipes furent fumées néanmoins avant que ce projet fût complètement mûri dans son esprit ; mais un jour il se décida à l’exécuter.