Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/240

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petit garçon qui me donna le moyen de l’acheter. C’est le meilleur enfant que j’aie vu de ma vie. Il est en Angleterre maintenant ; on est venu le chercher pour être lord.

— Lord… lord… interrompit M. Hobbes en appuyant sur chaque mot, lord Fautleroy, plus tard comte de Dorincourt. »

Dick laissa presque échapper sa brosse.

« Comment ? Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria-t-il. Le connaîtriez-vous vous-même ?

— Je l’ai connu, dit M. Hobbes en essuyant son front couvert de sueur, depuis sa naissance. Nous étions amis intimes. »

Ce n’est pas sans une profonde émotion qu’il parvint à articuler ces paroles. Il tira de son gousset sa superbe montre d’or, l’ouvrit et en montra l’intérieur à Dick, et lisant l’inscription qu’elle renfermait :

« Lord Fautleroy à son plus vieil ami, M. Hobbes. Pensez à moi. Je ne veux pas que vous m’oubliiez. » — Ce sont ses propres paroles. Cette montre est son souvenir, son cadeau de départ. Il n’y a pas de danger que je l’oublie ! ajouta-t-il en secouant la tête, quand même il ne m’aurait rien donné ; oh ! non ! il n’y a pas de danger ! ne devrais-je plus le voir de ma vie ; c’est un de ces amis qu’on n’oublie jamais !

— C’est bien le plus joli enfant qu’il soit possible de voir, reprit Dick, et, quant à des sentiments, je n’en ai jamais vu davantage à un petit garçon. Un jour j’ai ramassé sa balle qu’il avait laissée tomber en traversant la rue et qui avait roulé sous une voiture : il ne l’a jamais oublié ; et chaque fois qu’il venait de ce côté, avec sa mère ou avec sa bonne, il ne manquait pas de me crier : « Bonjour, Dick, bonjour ! » C’était