Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/264

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quoiqu’elle parût avoir un caractère emporté et des manières grossières et insolentes, elle n’était ni si habile ni si hardie qu’elle voulait le faire croire. Elle semblait par moments embarrassée et même comme accablée par la position dans laquelle elle s’était placée. On aurait dit qu’elle ne s’était pas attendue à tant de difficultés ; qu’elle avait cru que les choses marcheraient plus aisément, et qu’elle éprouvait comme du regret des démarches qu’elle avait entreprises. En d’autres moments, elle reprenait son assurance et faisait sonner bien haut ses droits et ses titres.

« Évidemment, dit un jour l’homme de loi à Mme Errol, c’est une personne appartenant aux plus basses classes de la société. Elle manque complètement d’éducation et d’instruction, et n’est pas accoutumée à rencontrer des personnes comme vous ou moi sur le pied d’égalité. Elle est furieuse, mais consternée. Le comte ne veut pas la recevoir ; mais je lui ai conseillé de venir avec moi à l’auberge où elle est descendue, « Aux Armes de Dorincourt ». Il a suivi mon conseil, et nous y sommes allés ensemble avant-hier. Quand elle a vu mylord entrer dans la salle, elle est devenue blanche comme un linge, tout en commençant par s’emporter en fureur, en menaces et en récriminations. »

Le fait est que lorsque le comte, sans daigner prononcer un mot, s’était avancé majestueusement dans la chambre, marchant d’un pas imposant, en redressant sa grande taille et en dardant sur l’Américaine un regard hautain, sous ses sourcils rapprochés en broussailles, celle-ci avait complètement perdu contenance. Le vieux lord la toisait comme si elle eût