Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/28

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— J’espère encore, dit la pauvre petite maman, d’une voix brisée par l’émotion, que son grand-père aimera Cédric. Le cher enfant est d’une nature affectueuse, et il a toujours été aimé. »

M. Havisam toussa de nouveau pour s’éclaircir le gosier. Il ne s’imaginait pas trop le goutteux et irascible vieux comte aimant quelqu’un ; mais il savait qu’il considérerait comme de son intérêt d’être bienveillant, autant du moins que sa nature le comportait, pour l’enfant qui devait être son héritier. Il savait aussi que si Cédric lui faisait honneur, il en serait fier et lui accorderait tout ce qu’il demanderait ; cependant il se contenta de répondre :

« Lord Fautleroy ne manquera de rien, et c’est en vue de son bonheur que le comte désire que vous habitiez assez près de lui pour le voir fréquemment. »

Le vieil homme de loi ne pensa pas qu’il fût nécessaire de rapporter exactement les expressions du comte, qui n’étaient ni aimables ni même polies, et il préféra présenter ses offres dans un langage plus doux et plus courtois.

Il reçut un léger choc lorsque Mme Errol, ayant demandé à Mary où était Cédric et lui ayant donné l’ordre d’aller le chercher, celle-ci répondit :

« Il est sûrement chez M. Hobbes, assis près du comptoir, au milieu des caisses de cassonade et de biscuit de mer, et causant politique avec lui, selon son habitude. »

Ses inquiétudes lui revinrent. Les fils des gentilshommes anglais n’ont pas coutume de se lier d’amitié avec les épiciers. Ce serait terrible si l’enfant allait avoir de mauvaises manières et des dispositions à aimer la basse compagnie. Une des plus