Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/280

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Alors, laissant sa boutique aux soins d’un voisin, l’épicier se hâta d’endosser son pardessus et de se diriger vers le cabinet de M. Harrisson, toujours accompagné de Dick.

Si l’avocat n’avait pas été si nouveau dans la carrière, s’il n’avait pas eu beaucoup de temps de disponible et s’il n’eût pas été doué d’un esprit aussi entreprenant, peut-être la romanesque et étrange histoire qu’on lui racontait eût-elle rencontré des oreilles moins complaisantes : car on conviendra qu’elle pouvait passer pour invraisemblable et pour être née dans l’imagination de ceux qui la débitaient ; mais il se trouvait par bonheur que les clients de M. Harrisson étaient rares pour l’instant, ce qui lui laissait beaucoup de loisirs ; ensuite il connaissait Dick ; enfin il arriva que celui-ci lui présenta les faits avec tant d’animation, qu’en dépit de leur couleur fantastique, il trouva moyen d’intéresser et même de convaincre son auditeur.

« Et, ajouta M. Hobbes quand le jeune garçon eut fini, vous me direz ce que votre temps vaut l’heure et combien vous en aurez passé pour éclaircir ce grabuge. C’est moi qui vous payerai : — Silas Hobbes, denrées coloniales, épiceries de premier choix, au coin de Blank street.

— Bon ! répliqua l’avocat. Ce ne sera pas une chose de mince importance pour moi si je débrouille cette affaire ; mon avenir peut en dépendre, aussi bien que celui du véritable lord Fautleroy. Dans tous les cas, il ne peut résulter aucun mal d’essayer de tirer les choses au clair. Je vois qu’on a des doutes au sujet de l’enfant que sa mère présente comme l’héritier du titre. Elle s’est contredite à plusieurs reprises, quant à son