Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/289

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Et il se mit à rire de nouveau.

« Partons, dit Ben à Tom en le prenant par la main. Où est ton chapeau ? »

L’enfant s’empressa d’aller le chercher ; puis il revint prendre avec confiance la main que son père lui tendait.

« Si vous avez encore besoin de moi, dit Ben à M. Havisam, en se dirigeant vers la porte, vous savez où me trouver. »

Il sortit de la chambre, tenant l’enfant par la main et sans jeter le moindre regard sur Minna, qui, prise de rage, continuait à l’invectiver, pendant que ses yeux noirs lançaient des éclairs de fureur.

Le comte avait placé tranquillement son lorgnon sur son nez aristocratique et la considérait avec le plus grand sang-froid, comme il aurait regardé un tigre ou un chat sauvage.

« Allons, allons, jeune dame, dit M. Havisam quand Ben, accompagné de son frère, eut quitté la pièce ; allons, tout ce que vous dites ne signifie rien. Si vous ne voulez pas être mise en prison, il faut tâcher de vous contenir. »

Il y avait quelque chose de si péremptoire dans le ton de l’homme d’affaires, que probablement Minna sentit que ce qu’elle avait de mieux à faire c’était de suivre ce conseil. Elle se leva, jeta un dernier regard de haine et de colère sur les deux hommes et sortit du salon, en jetant violemment la porte derrière elle.

« Nous en voilà débarrassés, j’espère, dit M. Havisam, et nous n’aurons plus à nous en occuper. »

En effet, cette nuit même elle quitta l’auberge des « Armes de Dorincourt », et on n’entendit plus parler d’elle.