Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/296

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conversation n’était-elle pas très animée. Il faut dire aussi que quand le brave négociant allait au château, il était quelque peu impressionné par les splendeurs qui régnaient autour de lui, et son aplomb naturel de commerçant satisfait, de ses affaires, se changeait en timidité quand Cédric lui faisait les honneurs de l’habitation de son grand-père et lui en détaillait les beautés, comme il pensait que c’était son devoir de le faire. La porte d’entrée, avec les deux lions de pierre qui la décoraient, avait le don de le plonger dans une stupéfaction qui augmentait quand il apercevait le donjon avec ses tours massives, les parterres remplis de fleurs, les terrasses avec des paons faisant la roue sur les balustres de pierre ouvragée, le grand escalier avec les rangées de valets en livrée s’alignant de chaque côté, lorsqu’il passait escorté de Cédric, ou plutôt lorsque Cédric passait en l’accompagnant. Cette satisfaction, on le pense bien, ne diminuait pas quand lord Fautleroy lui faisait visiter les serres remplies de fleurs exotiques, les écuries où chaque cheval avait son appartement séparé et sa généalogie inscrite sur sa stalle, la salle d’armes avec les armures dressées comme autant de chevaliers prêts au combat. Mais c’était surtout la galerie de peinture qui lui causait le plus d’étonnement.

« C’est quelque chose comme un musée, dit-il la première fois que l’enfant l’introduisit dans la vaste pièce, entourée de portraits d’hommes et de femmes habillés à la mode du temps passé, les uns couverts d’armures, d’autres portant la grosse perruque à la Louis XIV ; — oui, quelque chose comme un musée ; j’en ai déjà vu à New-York.