Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/30

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« Oh ! Chérie, dit l’enfant à sa mère lorsque le vieil homme de loi fut parti, j’aimerais mieux ne pas être comte ni lord. Aucun des autres garçons n’est ni lord ni comte. Est-ce que je ne peux pas ne pas l’être ? »

Mais il paraît que c’était inévitable, d’après une longue conversation que sa mère et lui eurent ce même jour, tandis que Mme Errol était assise dans son fauteuil au coin du feu, et Cédric à ses pieds en compagnie de Pussy, sa chatte. Par moments, il semblait tout au plaisir de jouer avec elle, comme de coutume ; on n’aurait pas dit, à l’expression de sa figure, qu’il était survenu quelque chose d’extraordinaire dans son existence ; mais dans d’autres toutes ses inquiétudes lui revenaient, et il levait vers sa mère sa petite figure anxieuse, et rouge des efforts qu’il faisait pour faire entrer tant de choses nouvelles dans son esprit.

« Ton père aurait accepté avec joie l’offre du comte, dit Mme Errol, et je serais une mère égoïste si je refusais de te laisser partir. Un petit garçon ne peut pas comprendre toutes les raisons qu’il y a à donner pour agir ainsi ; mais plus tard tu reconnaîtras que j’ai bien fait. »

Cédric secoua la tête.

« Je serai très chagrin de quitter M. Hobbes, dit-il. Il me manquera beaucoup, et je crains de lui manquer aussi. Tous me manqueront, d’ailleurs. »