Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/38

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boucles dorées se répandant sur le dossier, imitant de son mieux la pose de M. Hobbes. Tant que sa mère était restée dans la chambre, il avait examiné M. Havisam très attentivement et sans rien dire. Quand Mme Errol fut sortie, il demeura encore quelques instants en silence, comme s’il continuait à étudier le vieil homme de loi, qui, lui, de son côté, étudiait certainement Cédric, toujours se demandant ce qu’il pourrait bien dire à un petit garçon dont les jambes étaient à peine assez longues pour dépasser le coussin du fauteuil.

Ce fut Cédric qui entama la conversation.

« Savez-vous une chose, monsieur ? dit-il ; je ne me doute pas du tout de ce que c’est qu’un comte.

— Vraiment ! dit M. Havisam.

— Non ; et je pense que quand on doit en être un, il faut savoir ce que c’est. Ne trouvez-vous pas ?

— Vous avez raison, répliqua l’homme de loi.

— Voudriez-vous bien, reprit l’enfant respectueusement, prendre la peine de me l’expliquer. — Qui est-ce qui fait les comtes ?

— Un roi ou une reine. Généralement on fait comte un homme qui a rendu quelque grand service à l’État.

— C’est comme le président des États-Unis, alors ? dit Cédric.

— Vos présidents sont élus, je crois ? dit M. Havisam.

— Oui, répondit Cédric avec animation. Quand un homme est très bon, qu’il a accompli de grandes actions, il est nommé président. Alors il y a une procession avec des bannières, des torches, des lanternes, des marches aux flambeaux ; on fait des discours… Je me suis dit quelquefois que je pourrais